2e dimanche de l'Avent
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LA PAIX SOIT AVEC NOUS
par Sylvie Marcoux
Dans l’Évangile selon saint Jean, une phrase de Jésus m’a toujours beaucoup interpellée: «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne.» (Jean 14, 27). N’étant ni bibliste ni théologienne, j’ai voulu en savoir plus sur cette paix. J’ai donc fait une petite recherche pour mieux en saisir toute la portée.
J’ai d’abord découvert que cette paix n’est jamais tout à fait acquise parce qu’elle nous met en marche, sous la mouvance de l’Esprit, pour reprendre les mots de la bibliste et religieuse dominicaine, Anne Lécu. Comme les disciples de Jésus après sa résurrection. Cette paix a besoin de nous, parce que notre monde est loin d’être parfait et que nous sommes appelés à le rendre meilleur, bien meilleur. Nous pourrions être tentés de baisser les bras devant la tâche colossale qui nous incombe. Pourtant, il y a beaucoup de gens sur notre petite planète qui se dévouent pour la paix, certains même au péril de leur vie.
Alors que je m’apprêtais à écrire ces quelques lignes, j’ai pris un peu de temps pour écouter une entrevue sur Ici Première avec Vladimir Kara-Murza, un citoyen russe qui s’oppose entre autres à la guerre en Ukraine. Condamné à vingt-cinq ans d’emprisonnement en 2022, il a récemment recouvré sa liberté grâce à un programme d’échange de prisonniers entre les pays occidentaux et le régime de Vladimir Poutine. Le témoignage qu’il a livré au journaliste Janic Tremblay à l’émission Tout terrain m’a beaucoup touché. Il lui a notamment confié que ce qui lui avait permis de tenir le coup les premiers mois de sa détention, alors qu’il était isolé du reste du monde, c’était d’abord et avant tout sa foi chrétienne. Il a ensuite mentionné que le fait d’être historien l’avait également beaucoup aidé, de même que la conviction profonde qu’il avait raison et que son pays se démocratiserait plus tôt que tard. Je n’ai alors pas pu m’empêcher de penser que cet homme incarnait cette paix du Christ, tout intérieure, mais tournée aussi vers le monde, avec tous les risques que cela comporte. Selon les plus récents chiffres émis par certaines organisations de défense des prisonniers d’opinion, il y en aurait près de 1200 en Russie seulement, mais Vladimir Kara-Murza croit qu’ils sont plus nombreux parce que plusieurs ont été incarcérés dans l’anonymat et le sont restés.
Sylvie Marcoux
Rédactrice en chef adjointe Prions en Église