3e dimanche du Carême

TOURNER EN ROND OU LAISSER DIEU NOUS GUIDER HORS DU DÉSERT?
par Maris Zissis

Un jour, alors qu’on lui demandait ce qu’il pensait de l’enfer, le pape François a répondu qu’il espérait qu’il était vide. De mon côté, j’avais lu quelque part que l’enfer n’est pas vraiment un lieu, mais le fait de rejeter Dieu, de refuser de nous repentir sincèrement quand il nous propose son pardon. Ce serait LE vide, le désert où l’on tourne en rond quand on tourne le dos à Dieu.

Pendant longtemps, je me suis un peu débattue avec l’idée que Dieu avait pu vouloir tourmenter les Hébreux au point de les perdre pendant quarante ans dans un désert qu’on peut traverser en six jours. Me pencher sur la question de l’enfer (autre sujet que j’avais du mal à réconcilier avec l’amour absolu de Dieu) m’a finalement mené à une interprétation différente. 

Quand Dieu dit à Moïse que les Hébreux qui ne lui ont pas fait confiance ne verront pas la terre promise, ce n’est pas une menace. Il énonce un fait, librement réalisé par son peuple : puisque qu’ils ne se laissent pas guider, qu’ils lui tournent le dos, ils tournent en rond ! D’ailleurs Paul ne dit pas qu’ils n’ont pas « plu à Dieu », mais qu’ils « n’ont pas su [lui] plaire. » Ça change tout ! Dieu n’est pas l’acteur de leur errance, mais le sujet. 

Et, tel le vigneron de l’évangile, plutôt que de les frapper de son courroux pour leur méconnaissance, Dieu attend patiemment et continue à leur donner la manne qui les nourrira jusqu’à ce qu’ils trouvent leur chemin vers lui et donnent du fruit. Car Dieu « pardonne toutes les offenses » et a toujours foi en nous, il attend simplement la conversion de nos cœurs pour nous ouvrir grand les portes du Royaume.

Aujourd’hui, j’ai une nouvelle interprétation de l’enfer. Je crois que c’est un désert, un lieu fait pour être vide, mais où nous errons parfois, confrontés à notre manque de foi. Nous sortons toujours du désert; il suffit de suivre une étoile (du berger, du nord…) et Dieu nous montrera le chemin.