4e dimanche du Carême
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LÂCHER SON NOMBRIL
par Jonathan Guilbault
Saint Augustin écrivait : « Il y a des gens qui ne peuvent penser à leurs fautes sans désespérer aussitôt du pardon. Convaincus que ce pardon est impossible, ils livrent leur âme à la mort, ils meurent de désespoir. »
En bon professeur d’espérance, Augustin savait que le péché contre l’Esprit Saint, le seul qui ne saurait être pardonné, est justement celui de se fermer à la miséricorde divine.
Il est parfois tentant de se laisser hypnotiser par la force apparemment invincible de notre incapacité à aimer. On a alors vaguement l’impression que cela nous rend plus humbles. Erreur : en fixant notre nombril pendant un temps exagéré, nous préférons notre petit désespoir à l’amour de Dieu. Comme si nous lui disions : « Tu n’es pas capable d’un amour si grand qu’il puisse me purifier. »
Récemment, j’ai eu l’occasion d’aller visiter mon père à Québec. Après avoir écouté la partie des Canadiens, une fois la télévision éteinte, nous nous sommes confiés nos « moins bons coups », ceux auxquels nous repensons parfois.
La discussion aurait pu être lourde, voire déprimante. Mais ce fut tout le contraire : sans minimiser les conséquences qu’ont eues nos fautes passées, pour nous comme pour les autres, nous nous sommes raconté comment nous avions fait la paix avec nos errements. L’ambiance était presque festive : nous avons allumé un cigare !
Temps d’intériorité, le Carême nous entraîne parfois à « ruminer nos vieux péchés ». L’important est de ne pas se laisser fasciner par nos fautes, ni de les fixer comme si elles étaient le point focal de notre existence. Car le seul point fixe auquel notre regard doit s’attacher, c’est Jésus, qui, déjà sur la croix, intercédait pour nous tous et toutes. Et qui est ressuscité pour exprimer pleinement la gloire de la miséricorde divine.
Jonathan Guilbault
Directeur des Éditions Novalis