Vivre au risque de l'autre

La tentation du repli identitaire gagne un certain nombre de chrétiens aujourd’hui, trahissant ce que l’Évangile proclame et invite à vivre. Il ne s’agit pas de mettre de côté la question de l’identité chrétienne mais de la relier à la dynamique de la révélation qu’on la trouve dans les Écritures.

La Bible, si on s’efforce de l’ouvrir et de la lire vraiment s’écarte des fantasmes menaçants qui suscitent l’exclusion, le rejet, la mise à distance de l’étranger, qui surlignent les démarcations, blindent les frontières de barbelés, au physique et au mental.

De l’élection d’Abraham jusqu’à Jésus-Christ, les Écritures nous parlent de ce Dieu de l’ouverture à l’autre– qui s’appelle prochain ou frère, en régime chrétien –, une ouverture principe de la vie et de l'histoire finalisée par le projet de rétablir l'humanité dans la concorde et l’unité. Il s’agit dès lors de laisser les Ecritures rappeler haut et fort que le Dieu de la révélation biblique est le Dieu qui, dès l’origine, ne cesse d’appeler l'humanité à vivre en confiance la relation, le face à face entre l’un et l’autre, pour une connaissance/reconnaissance mutuelle.

On comprendra ainsi qu’une identité en posture de repli, de défiance, rêvant de suprématie, d’hégémonie chrétienne retrouvée, est simplement sans rapport avec le christianisme. C’est une identité fictive, produit d’une instrumentalisation et d’un dangereux détournement.